top of page

Biographie

On devient artiste comme

on entre dans la religion

Jean-Marie Gobin est né en 1933 à Paris. Il évolue est dans un milieu artistique : son père, flamand, était comédien de théâtre et se livrait de temps en temps à la peinture. Il suit une formation à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués de Paris puis s'installe dans l'ancien atelier de Soutine à "La Ruche", une cité d'artistes à Paris. Influencé par Rembrandt ou Maurice Vlaminck, ses tableaux sont remarquables par les couleurs violentes, les touches franches et les couches d'épaisseurs. Mais JM Gobin n'imite pas, et refuse toute référence à une doctrine ou une école : "on est soi-même!", "je ne fais pas de l'art, je peins !". Peindre est pour lui "le résultat d'un combat", où même la gestuelle est importante.

De par son influence et ascendance flamande, on le compare au grand Constant Permeke et par la suite avec Rubens, Jordaens, Rouault, ou encore Daumier même s’il possède un talent très personnel. « JM Gobin a une façon de manier la pâte qu’envieraient bien des aînés » (H. Héraut, Le Journal de l’Amateur d’Art, 1956)

"De la Corse à la Bretagne, le long vol d'une mouette nous sépare "

Fraichement mariés, Jean-Marie et Christiane s'installent dans une maisonnette à Locquémeau dans les côtes d’Armor. La Bretagne rurale correspond davantage aux attentes du peintre qu'à un Paris mondain : il préfère aller à la chasse que parader dans les salons. La Bretagne a une empreinte pittoresque où il y fait bon vivre, le temps a ralenti, la peinture peut s'exprimer. « Pour peindre, je veux vivre avec le sujet, j’aime cette rude campagne avec ses maisons trapues, et je ne pourrais pas peindre en chemise blanche et cravate ! » (JM Gobin dans : L-C. Duchesne, Du port breton de Locquémeau… à la galerie Saint Placide à Paris, Le peintre J.M. Gobin enregistre avec fougue  les visions de la nature, Lannion, 1955).

Les personnages qu’il peint - les pêcheurs, les paysans, les joueurs de boules - ont une expression dure, un visage déformé par le poids d’une fatigue interminable. Il évoque les êtres avec leurs soucis, leurs peines et leurs misères dans des maisons écrasées entre le ciel et la terre comme par le poids des misères. L'aspect humain est aussi important que la nature.

« Il était Gobin face à l’horizon sans fin, au vert de noroît, aux drames de la mer, fraternel et pourtant étranger au peuple comme lui simple, vigoureux et mal équarri des pêcheurs et des paysans. Nulle morbidité en lui, certes. Mais toute la rudesse de ses personnages lourds qui font corps avec la barque et qui ‘sentent’ l’Océan de toute leur âme ». (Guy Dornand, Les Arts, Libération, p2, 1956).

On devient artiste comme

on entre dans la religion

La Galerie Findlay (New-York) achète alors tous les tableaux de son atelier et lui propose un contrat sur plusieurs années en exclusivité, mais JM Gobin refuse pour garder sa liberté. A 23 ans il est le plus jeune peintre après Buffet à obtenir le Prix de la Critique.

Très tôt il se marie avec Christiane qui lui donnera 4 enfants. Amante, muse, biographe, attachée de presse... Christiane adopte tous les rôles de la partenaire idéale qui partage sa passion depuis leur première rencontre.

« Cette gamine de 15 ans aux godasses mal chaussées,

Sur ce trottoir mal pavé

Du boulevard Beaumarchais

A l’instant précis où je l’ai vue,

J’ai su,

Que j’avais devant moi la femme de ma vie ».

En 1977, après de multiples expositions en France et à l’étranger (Japon, Etats-Unis, Venezuela, etc…), il part habiter en Corse, une région qu’il affectionne particulièrement. « Plus que les honneurs, la gloire factice, les compliments bucoliques d’individus façonnés par une société dont la morale, les ennuis et la trop bonne chère ont anesthésié l’intelligence et la sensibilité, j’ai préféré vivre en homme, simplement près des êtres et des choses éternelles et quotidiennes dont les yeux ne se lassent pas » (JM Gobin, Provençal-Corse, jeudi 31 mai 1979, n°12373, p7).  C’est l’expressionniste flamboyant des villages corses. Il utilise des couleurs de feu. Puis en 1996, après avoir vécu 15 ans en Corse, il vient s’installer à Livaie en Normandie.

Le scandale de Babette : 1ère censure en France

Scan_0001.jpg

JM Gobin Babette 1,60 x 2,28 m 1972 (signé en bas à droite)

En 1972, JM Gobin peint Babette, un nu féminin de 1,60m de haut sur 2,30m de long. Babette a été exposée pour la première fois au Musée Baron Gérard de Bayeux, sur initiative de M. Hamond, conservateur du Musée, qui avait organisé une rétrospective des oeuvres de JM Gobin.  Le vernissage de l'exposition a eu lieu en présence de M. Lecarpentier (maire de Bayeux), M. Hamon (conservateur du Musée) et du conservateur en personne d'un Musée de Tokyo. Ce dernier a offert immédiatement d'acheter le tableau mais JM Gobin a refusé la vente pour qu'il reste en France. Pendant une semaine, ont défilé de très nombreux visiteurs, dont les professeurs des écoles. Aucun n'a émis la moindre remarque de protestation concernant Babette. Seulement M. Hamon, menacé par les conseiller municipaux, déclare Babette censurée pour offence à la pudeur et l'enferme dans un grand placard  : elle aurait choqué certains visiteurs à cause de sa nudité et de son regard jugé trop expressif. Pourtant lors de sa première exposition au Grand Palais, Jacques Duhamel 

(ministre de la Culture), avait bien soutenu qu' « il n’y a rien de choquant dans cette toile, c’est de la peinture » (Ouest France, 5 juin 1974).
 

Babette est censurée, s'ensuit un déferlement médiatique de toute la presse écrite de Paris et de province, à 8 articles par jours. Le journal France Soir de Paris sort la reproduction de Babette pleine page sous le titre "Babette au cagibi". JM Gobin saisit alors le tribunal correctionnel de Caen par voie de référé d'urgence. Le tribunal se déclare incompétent. Babette n'est donc plus censurée mais l'exposition est terminée. Babette est ensuite exposée au Salon des Indépendants au Grand Palais de Paris qui a enregistré 1500 visiteurs.

 

Par ailleurs, contrairement aux apparences, Babette n'est pas postérieure à L'origine du monde de Gustave Courbet, mais antérieure. En effet L'origine du monde, réalisée en 1866, a été commandée par Khalil-Bey, à qui Gustave Courbet l'a remis sans que personne ne la voit. Après l'avoir conservée pendant de nombreuses années, Khalil-Bey la confie à un collectionneur qui la cèdera à l'Etat français. C'est donc en 1995 que le public découvre pour la première fois L'origine du monde. Malgré les apparences, Babette est donc antérieure à L'origine du monde puisque peinte et exposée en 1972.

 

Au Japon, Babette a fait l'objet de centaines de copies au format carte postale, éxécutées par des artistes "à la chaîne" et vendues à des milliers d'exemplaires sous le titre Peinture faite à la main. A ce jour, Babette n'est toujours pas à vendre...

bottom of page